Chronique dans Hard N' Heavy
Si Wagner vivait encore en 1998, c’est sûr, il jouerait dans Elend.
Comme ils l’avaient promis, les membres de Elend terminent ici la trilogie consacrée à l’Office des Ténèbres, cet ensemble de trois messes jouées, dans la liturgie catholique romaine, les trois derniers jours de la Semaine Sainte (jeudi, vendredi et samedi de Pâques). Après les Leçons de Ténèbres en 1994, et Les Ténèbres du Dehors en 1996, voici donc l’interprétation qu’Elend fait de ce troisième et ultime office. À l’origine interprété de minuit jusqu’à l’aube, l’Office des Ténèbres devait s’achever à la lumière du jour renaissant et cette dernière messe était censée être la plus lumineuse. Mais comme les musiciens du groupe l’avaient expliqué à la sortie de Leçons de Ténèbres, la trilogie qu’a composé Elend est une relecture toute personnelle de l’œuvre originelle. The Umbersun est donc le plus sombre des trois albums, démarrant « en fanfare » pour s’achever dans une sérénité mortelle. De plus, et à l’inverse de la tendance actuelle qui consiste à intégrer des éléments et des instruments issus de la musique classique à un substrat « hard-rock », les musiciens d’Elend, de formation classique mais tous amateurs de metal (en particulier de My Dying Bride, pour n’en citer qu’un), utilise une écriture non classique dans un contexte musical et instrumental directement référencé aux œuvres de compositeurs comme Purcell, Bach, Mozart, Wagner, Grieg ou Schönberg. La musique de The Umbersun est donc totalement apocryphe selon les canons de la composition et de l’harmonie classique, tout en n’ayant rien à voir avec Angra ou Rhapsody. Conçue entièrement sur des machines avec l’aide de trente véritables choristes professionnels, elle est donc totalement originale, forcément déroutante, parfois violente (les voix de « Du tréfonds des ténèbres » et, surtout, foncièrment belle.
3/5
Manuel Rabasse
Hard N’ Heavy, Mai 1998