Chronique dans Rock Hard Mag.

Tragédie sonore

Nouvel album, le sixième déjà, à l’actif du duo franco-autrichien. Elend continue sa quête, plus tourmenté et expérimental que jamais. A l’image d’un Chaostar, Elend pénètre un monde qui marie la folie symphonique, le narratif baroque, le romantisme noir, et l’innovation musicale. Il ne s’agit pas ici à proprement parler de metal, car son instrument emblématique, à savoir la guitare, est absente des débats. Le travail d’Elend est à la fois audacieux et unique. Il repose sur la mixité des extrêmes et des ambiances ambivalentes. Renaud Tschirner et Iskandar Hasnawi ont composé des pièces à tiroirs pour le moins alvéolées, et truffées de chausse-trappes. L’auditeur y découvre une alternance entre néo-classique purement symphonique, et des rush de musique contemporaine élitiste. Le tout est particulièrement gratiné et demande une approche délicate, autant qu’une ouverture d’esprit certaine. Mais telle est la rançon à payer pour intégrer l’univers (le mot n’est pas trop fort) de Elend. Un véritable orchestre de cinquante musiciens, appuie les parties vocales distillées par un ensemble de chœurs féminins et par une soprano. Le chant masculin, décliné en plusieurs langues, dont le français ou encore le Grec Ancien, apparaît comme fantomatique. La mise en place de tout ce joli monde, aura sans doute demandé un travail de précision colossal aux deux géniteurs de ce projet. Ce disque peut se concevoir comme une bande originale de tragédie grecque ou comme une vision post-wagnérienne de la musique épique. Le tout baignant dans un climat des plus sombres et des plus désespérés. Grâce à un tel album, Elend pourrait bien devenir le premier groupe issu du sérail métallique à être diffusé sur France Musique.

NOTE 7,5/10